Ce n’est pas en construisant des Shopping Malls que l’on réussit son développement.
Lorsqu’on regarde l’Histoire récente de l’économie marocaine, vu sa situation par rapport a l’Europe en premier et comme maillon de transition vers l’Afrique et même le Moyen Orient, on trouve qu’elle a toujours été acculée a répondre et a s’adapter aux exigences extérieures et a se défendre contre les appétits des opérateurs internationaux. Conséquences de ce phénomène extraverti, c’est que le Maroc n’a point réussi a s’intégrer localement et régionalement par rapport a son intérieur et a ses capacités locales sur l’axe montagnard de l’Atlas, le Nord Rifain, le Souss et la région du Dra comme créneaux complémentaires.
Cette situation a produit au Maroc, et cela même avant les années quatre-vingt-dix, ce que l’on a désigné par la suite par le «mal-développement».
Les conséquences de ce « mal-développement » furent ainsi renforcées par la mondialisation et l’intégration de certains secteurs productifs, opérationnels, marchands et financiers qui ont fait aboutir toute l’économie marocaine dans une impasse et dont mon article aborde les grandes lignes et les remèdes possibles.
On utilise ici le terme de créneau dans le sens du concept;
Le créneau est considéré dans cet article en tant qu’entité économique favorable au réel développement économique basé sur une intégration synergique des systèmes de recherche et des secteurs productifs de toute l’économie nationale et cela a travers l’harmonisation de leurs inputs et outputs et la réalisation de leur complémentarité productive, scientifique, humaine et technologique afin de répondre a la fois aux besoins locaux, régionaux et nationaux.
Un créneau d’excellence se définit comme un ensemble d’organisations :
– Aux activités connexes et interdépendantes, qui collaborent entre elles et se concurrencent;
regroupées sur un territoire défini;
– Constituant un secteur où la région a su se démarquer grâce à des compétences et à des produits particuliers;
– Employant des chercheurs et une main-d’œuvre qualifiés.
Dichotomie et Paradoxe de l’Intervention Economique de l’Etat:
En parallèle à cela, le Maroc et ses composantes politiques et sociales avaient et continuent d’emprunter et de favoriser dans le choix de leurs programmes de développement, la voie de l’imitation et de la reproduction des valeurs institutionnelles en grande partie de la Métropole Française et des Grands Groupes Financiers. Dans ce sens, la constitution elle même en reflète cette inspiration comme le furent les différents plans quinquennaux adoptés et même la privatisation menée en tambours bâtons de tous les secteurs clés de la personnalité économique marocaine et cela en faveur de certains « cercles privés présélectionnés et élitistes » étrangers et leurs alliés locaux.
Ces mesures et ces décisions furent prises par l’Etat et ses institutions représentatives, et continuent d’être organisées et conditionnées par l’intervention de l’Etat en tant que régulateur de l’activité extérieure et internationale du Maroc.
Dans un tel environnement qui est modelé et prédéterminé par l’impact de l’Etat dans toute initiative de taille nationale, pratiquement et réellement et même en utilisant des exemples précis ou des stratégies de développement de relance et d’ajustement économique, il est devenu difficile de permettre au Citoyen Marocain ou même un groupement de marocains de pouvoir changer le cours de choix politiques qui sont dans un sens imposé par l’activité internationale des Grands Groupes Economiques et la volonté de l’Etat d’en être le traducteur au niveau national (voir: http://www.finances.gov.ma/Docs/2014/DB/ref_fr.pdf).
La Politique Partisane Economique au Maroc et ses Références Externes:
L’acharnement des dirigeants actuels des partis politiques de vouloir faire du Maroc et de le faire accepter dans les sphères de décision de la finance internationale et de l »insérer dans les rouages de la mondialisation en tant qu’un pays émergeant, a produit des contrecoups et des dichotomies.
« Parallèlement aux efforts d’intégration à l’économie mondiale, le Maroc s’est engagé dans un processus de transformations structurelles importantes confortées par les politiques sectorielles mises en place et le succès des métiers tournés vers l’international, notamment, les secteurs de l’automobile, de l’aéronautique et de l’électronique. » (Voir: http://www.finances.gov.ma/Docs/2014/DB/ref_fr.pdf, page 3).
L’élaboration du Projet de Loi de Finances 2015 (PLF 2015) reproduit les mêmes analyses et conclusions si ce n’est le même verbiage du document rédigé par Marie ALBERT, Flore BOUVARD, Guillaume CLÉAUD, Samuel DELEPIERRE, Marie MAGNIEN et publié par le Ministère des Finances et des Comptes publics et Ministère de l’Économie de l’Industrie et du Numérique de France intitule: « Lettre: La situation économique mondiale à l’été 2014, » n° 135 Septembre 2014, http://www.tresor.economie.gouv.fr/File/404452
En somme, le Maroc demeure Métropolitain, même dans ses discours parlementaires, justificatifs de ses actions stratégiques de croissance économique. En réalité, c’est en cela même que le suivisme des dirigeants politiques fait aboutir l’économie marocaine dans une impasse. La « Mal Mondialisation » n’est plus juste au niveau de l’imitation erronée et du placage d’une économie manquant de structures diversifiée au niveau des exportations et de son tissu industriel interne, mais aussi au niveau de l’importation de l’expertise technique intellectuelle et analytique pour nos Ministres d’économie et des finances.
De ce fait, la référence de base pour l’élaboration et le cheminement de la pensée et de l’évaluation de l’environnement international par les dirigeants actuels du Maroc, demeure aussi assujetti aux observations et aux expériences externes n’ayant aucun lien direct avec la réalité marocaine dans sa structure et histoire et ses capacités de conception de stratégies nationales.
Dans un tel environnement décisionnel tourné vers l’extérieur pour tous ses compartiments conceptuels, le déficit chronique des comptes extérieurs est le premier signe de la « mal intégration » de l’économie marocaine dans le marché mondial, alors que les structures productives et opérationnelles du Maroc ne sont point adaptées ou prêtes a faire face aux défis et aux concurrences des pays ayant des bases et des capacités d’exportation diversifiées doublées d’une assise financière nationale et robuste.
De cette dichotomie résulta une dualité productive qui a récusé et fait reculer la production agricole de subsistance, a fait chuter la participation du secteur national industriel dans la création de l’emploi et a gonfler le fléau du secteur informel tout en contribuant à la perte de vitesse et au recul du système éducatif, prônant aussi, la privatisation et l’inflation de diplômes honorifiques et non productifs ou même répondant a la stratégie de « mal développement » mise en place, et enfin l’expansion de la corruption qui fut une tare héritée du colonialisme.
Le second volet de l’impact combiné du « mal développement » et la « mal mondialisation, » c’est que le Maroc est dorénavant mis en face des incertitudes et des risques de dérapage de l’économie mondiale.
Cette surexposition est une vulnérabilité supplémentaire de l’économie marocaine et ne fait qu’accentuer les déséquilibres financiers, économiques et même ceux régionaux dont les conséquences peuvent être résumées comme suit:
– Les importations des produits énergétiques, malgré une baisse en valeur relative, continuent d’être un lourd fardeau pour la balance des paiements et dans le déficit commercial puisque « à fin août 2014, la valeur des importations énergétiques a baissé de 2%, en glissement annuel, pour s’établir à 65,5 milliards de dirhams, représentant près de 25% des importations totales de marchandises contre 26% en 2013 et 27% en 2012. » Aussi, la baisse des cours du pétrole a permis un soulagement temporaire pour les pays importateurs tout en accentuant la pression sur les pays Européens d’implanter un assouplissement monétaire.
– Cependant, une ambivalence peut résulter de cette politique monétaire, puisque certains pays ne favorisent nullement la baisse de leurs taux d’intérêts, voyant en cela une stimulation de l’inflation et une réactivation de la crise financière qui peut déboucher sur une stagflation. De ce fait, des incertitudes persistent pour l’économie mondiale et le Maroc par ses choix stratégiques demeurent sur le palier exposé aux courants instables du froid venant du Nord.
En conclusion et faute de trouver une autre thérapie, d’ordre local, régional et national, dans sa raison d’être et sa portée, le Maroc restera à la merci de l’état de santé de la mondialisation.
Quand l’Europe éternue et l’économie mondiale tousse, le Maroc attrape froid.

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